26 et 27 août
Tonio l'ayant fait il y a quelques années, je ne pouvais décemment pas ne pas tenter le coup moi aussi. Il n'y a pas de raison ! Et puis j'ai pris le rythme depuis des années de faire un grand voyage par an d'abord en moto puis à pied. Cette année, vu la situation sanitaire, il était impensable que je puisse me rendre à l'étranger comme je l'avais prévu et finalement j'ai fixé mon choix sur la Bretagne pour cette nouvelle aventure. Beaucoup de préparation pour ce voyage avec de grosses difficultés pour trouver des hébergements dans la Bretagne centre. L'impératif étant de trouver un accueil tous les 25 km maximum. Quand cela s'est révélé impossible, la solution (coûteuse) a été de prévoir un taxi pour les aller-retour entre le but de l'étape du jour et un hébergement.
Le confinement a été une période propice, au moins, pour organiser ce voyage dans les moindres détails
Évidemment à force de prendre en référence à tout instant mon idyllique voyage en Italie l’année dernière, avec ce Tro Breizh je fais un voyage direct en déception dès le départ.
D’abord il y a cette espèce de chariot qui supporte mon sac et que je traîne avec un harnais comme un bœuf le fait d’une charrue. Le but était de soulager mes épaules durablement abîmées par quelques voltiges en moto. Maintenant elles sont libérées car tout le poids de mon chariot repose sur le bassin : résultat au bout de 10 km la douleur sur les hanches est insupportable et la pause est impérative.
A quelques heures du départ à Saint Malo, je subis un retour des fulgurances d’une épine calcanéenne que, pourtant, je pensais avoir guéri il y a quelques années. En conséquence me voilà boitillant pendant les premiers kilomètres tous les matins avant que la douleur ne se dissipe.
Dans toutes les randonnées que j’ai faites jusqu’à aujourd’hui, je suivais des pistes ou des sentiers au milieu des arbres et des petits oiseaux. Avec le Tro Breizh c’est 100% sur route, 100% macadam. Pas le moindre chemin de terre pas la moindre sente au milieu de la nature. Au niveau de la poésie cette affaire est un fiasco abominable. Les voitures qui me rasent à 1 mètre m’enlèvent toute possibilité de recueillement et d’introspection.
Bon puisque je suis parti pour faire du mauvais esprit, il faut que je parle d'un endroit que j'avais choisi pour y faire étape à cause de son nom à savoir, Saint Benoît-des-Ondes. Quel joli nom plein de poésie ! Cela aurait été Saint Benoît-Plage, Saint Benoît-sur-Mer, Saint Benoît-les-Eaux, je n'aurai sûrement pas été attiré de la même manière vers cet endroit. Le problème c'est que l'onde justement, elle n'est pas là mais à au moins 3 kilomètres. Et entre la mer et le village il y a un bien un océan mais de vase de 10 mètres d'épaisseur. Cela ne fait pas très propre. C'est La Baie de Boue ! On distingue au loin le Mont Saint-Michel qui est un maigre réconfort.
Bon le bilan au bout de quelques jours n’est pas folichon et il va falloir une bonne dose d'énergie pour sortir du doute qui me mine et pour aller au bout de ces 700 km. Nous verrons bien.
Malgré tout, je trouve quelque réconfort, pour avoir revu ma cousine Nathalie et son mari Marc à Saint Malo la veille du départ et également d'avoir pratiquement dormi dans le lit où est né Chateaubriand dans le superbe hôtel du même nom à l'intérieur des remparts de la vieille ville en d'autre terme Intra Muros.
Même si tout n'est pas parfait dans ce début de voyage, les quelques auberges rencontrées sur le chemin proposent malgré tout quelques compensations appréciables.
Enfin après 2 jours de marche d'un pas de sénateur, j'arrive à Dol de Bretagne à la première des sept cathédrales dédiées aux saints fondateurs de la Bretagne Chrétienne. Il s'agit à Dol, de Saint Samson. Tout ça n'est pas d'une folle gaité mais la petite lueur rouge prés de l'autel, redonne du courage pour la suite et illumine à elle toute seule la tristesse des lieux.
28 et 29 Août
Quand on s'enfonce dans les terres, on a plus de chance de trouver de beaux endroits comme c'est le cas du Monastère de Beaufort près du hameau de Pont Allain. Au bord d'un lac et perdu au fond des bois, c'est romantique et sublime. Les religieuses qui y résident sont dans l'antichambre du Paradis qu'elles méritent d'ailleurs plus que quiconque !
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Château de Beaufort
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Puis, enfin, un chemin de terre longeant une petite rivière me fait traverser une forêt magnifique. C'est très beau mais l'ambiance est un peu lourde, inquiétante surtout au fin fond de la Bretagne celte : je suis terrorisé de voir un druide débouler de derrière un dolmen, qui me chercherait quelques difficultés avec sa serpette.
Les innombrables élevages de porcs et de bœufs en batterie, parfument la campagne d'une bonne odeur de lisier et je m'interroge sur la qualité de l'eau des ruisseaux et rivières rencontrés ça et là après qu'elles aient traversé ces fermes. Il est probable qu'ils doivent être polluées par les déjections animales. Une chose est sure c'est que jamais je ne me baignerai dans ces eaux, même du bout des pieds !
Ça et là, en pleine campagne, en fait pratiquement à chaque carrefour, des calvaires avec de massives croix en granit. Elles ne sont pas toutes bien entretenues, comme celle dont la partie inférieure est envahit par les ronces. Je ne peux éviter d'y voir un signe des difficultés que notre Eglise rencontre actuellement.
Puis c'est la descente vers la Rance avec au passage une magnifique malouinière. Je veux prendre un raccourci par un sentier en bord de la rivière mais je commence par me perdre dans une immense roselière. Dès que le marais devient un marécage, je ne peux que rebrousser chemin pour récupérer mon itinéraire.
Au petit port de Dinan, nous sommes tout à la fin de la Rance que l'on peut traverser par un joli pont ancien.
Dinan, ville médiévale, très fortifiée, patrie de Du Guesclin, héros de la guerre de 100 ans qui a inventé les opérations militaires de type commando qui ont bien irritées les anglais ce dont on lui en est toujours gré encore aujourd'hui. Une cathédrale, Saint Malo, toute hérissée d'une forêt de pignons et une inscription en hébreu sur la porte principale totalement inattendue !
30 et 31 août
Partir au petit matin sous une pluie battante qui va continuer toute la journée, ne m'inquiète pas outre mesure. Au contraire, ce petit challenge supplémentaire a un effet jubilatoire sur mon moral et je suis ravi de ma journée. Surtout pour arriver à une merveille telle que la petite église de Trémeur que j'ai le loisir d'admirer pendant 2 heures en attendant l'arrivée du transport qui doit me ramener à mon hôtel.
Un petit point sur mon l'équipement que j'ai bien testé pendant cette journée de mauvais temps. Nous avons déjà parlé de mon chariot que j'apprends à apprivoiser tous les jours un peu mieux.
Le soin des pieds tous les matins est primordial. Chaque partie du pieds qui est susceptible d'avoir des ampoules est protégée par une bandelette autocollante et généreusement talquée. Cela prend du temps, c'est un peu fastidieux mais c'est obligatoire. Le soir évidemment, un onguent bien camphré est indispensable
Une cape imperméable, la plus longue possible afin que l'eau ne ruisselle pas sur le bas du pantalon et à l'intérieur des chaussures. Je mets également une sorte de guêtre sur chaque chaussure pour améliorer leur étanchéité. Evidemment des chaussures qui doivent être montantes, légères et étanches. Je les prends une demi pointure supplémentaire par rapport à ma taille habituelle afin d'éviter les frottements et donc les ampoules entre les doigts de pied.
Pour finir cette belle journée de marche aujourd’hui, la rencontre avec un étonnant calvaire dont la croix en bois est évidée pour laisser la place à une sculpture de la Vierge. Puis une magnifique tour à mon arrivée à l'étape du jour dans le village de Langourla. Accueil très chaleureux dans une chambre d’hôte par un ménage d'anglais ne parlant pas un mot de français : je ne sais pas si ceci est de nature à remplir les chambres. Malgré tout l'hôtesse me sert un diner délicieux.
1 et 2 septembre
Il fait beau, frais, un temps idéal pour la randonnée, et je prends un bon rythme de 20/25 km par jour environ. Le centre de la Bretagne est extrêmement vallonnée et je me tape de bonnes petites grimpettes qui ajoutent un peu de piment à mon affaire.
Comme les bistrots et les magasins d'alimentation sont rares dans les villages que je traverse, je me passe régulièrement de déjeuner et inévitablement je...
Dans un certain village, je me demande si moi aussi je ne suis pas un peu égaré pour me lancer dans ce genre d'aventure insensée.
Au niveau des infrastructures touristiques le centre de la Bretagne, est très mal pourvu et ceci pose un vrai problème pour les hébergements. En effet ceux-ci manquent cruellement sur l'itinéraire du Tro Breizh et comme expliqué plus haut, je fais sans arrêt, sur le secteur entre Dol de Bretagne et Vannes, des allers-retours en taxi entre les maisons d’hôtes et mon chemin : cela représente un vrai budget. A éviter : la ville de Loudéac, sinistre.
La fête est bientôt finie, il faut songer à rentrer à la maison. Les grandes voyageuses se regroupent pour se donner du courage pour la grande aventure. Si seulement elles pouvaient m'emmener avec elles !
3 et 4 septembre
De Cambout à Saint Jean Brévelay, une météo idéale pour marcher et se réjouir de la campagne au milieu des champs de maïs serrés les uns contre les autres. Une leçon vivante de l'agriculture intensive! A part quelques troupeaux importants de vaches laitières qui sont au pré, tout le reste de l’élevage est en batterie dans d'affreuses étables ou porcheries que l'on sent de loin. Ce bétail-là est nourri à l'ensilage de maïs cultivé en abondance à proximité.
Le climat est particulièrement propice aux cultures mais aussi aux jardins d'agrément. Le moindre pavillon, oratoire, calvaire, la moindre mairie croulent sous les fleurs. C'est un enchantement mais aussi un peu d'agacement quand je vois les difficultés que je rencontre dans le Perche pour avoir quelques fleurs décentes dans mon propre jardin.
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L'Hermine bretonne dans les jardins de Vannes
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Au village des Forges un château d'une architecture inattendue en plein milieu de la Bretagne profonde.
5 septembre
Belle et longue étape de Saint Jean de Brévelay vers Vannes ! Une route qui traversent quelques forêts de chênes et de châtaigniers prometteuses de bonne fricassées de cèpes ! Ces forêts apportent un changement appréciable aux sempiternelles cultures de maïs.
Les pieds souffrent de marcher en permanence sur le bitume, le souffle se saccade avec la cadence des pas mais quelques instants de repos dans la jolie chapelle de Saint Nicolas permettent un peu de repos au corps et de recueillement à l'âme.
A l'approche de l'aérodrome de Vannes, dans le ciel, quelques parachutistes militaires en chute libre HALO (High Altitude Low Opening)! Je suis une piste cyclable qui longe le Camp de Maucon, terrain d'entrainement du 3ème Régiment d'Infanterie de Marine (3ème RIMA), unité où j'ai eu l'honneur de servir en d'autre temps et autre lieu.
Puis c'est l'arrivée à Vannes, direction l'église Saint Patern, qui après Dol de Bretagne est le second lieu de culte du Tro Breizh que j'aurai visité. Celle-ci est dédié donc à Saint Patern, qui serait un des deux seuls parmi les 7 fondateurs de la Bretagne, qui ne serait pas venu, du pays de Galles ou de l'Irlande comme les autres. Le régional de l'étape en quelque sorte. La suivante sera la Cathédrale Saint Corentin à Quimper dans 140 km.
Ma première journée de repos, bien nécessaire après 11 jours de marche et 203 km parcourus. Visite de la ville, messe, lessive, sieste, blog vont m'occuper aujourd'hui.
Un bilan de ce début de voyage : le départ, l'aventure, la découverte et ces sensations que je retrouve avec un grand bonheur au début de chaque voyage et dont j'aime l'habitude.
Le départ, avec son mélange de fébrilité, d'anticipation, de stress et de bonheur. Un cocktail addictif ! L'aventure : chaque matin est le début d'une vie entière, pleine d'imprévus, chaque pas, chaque kilomètre une expérience unique ! L'aventure synonyme de liberté ! " Faire ce que tu aimes c'est la liberté, aimer ce ce que tu fais c'est le bonheur".
Le plaisir de la découverte d'un nouveau pays dont je connaissais bien la côte nord après mon Paris-Brest à pied et de nombreux séjours dédiés à la pêche au bar, mais jamais je n'étais venu dans le centre de la Bretagne. J'y découvre un territoire extrêmement riche de son agriculture intensive et des industries qui s'y attachent. Une très belle campagne malgré tout ! Les rencontres avec les bretons sont toujours très agréables. Je reçois sans arrêt des témoignages de leur gentillesse et de leur accueil. Une vraie découverte, un vrai bonheur ! Ils sont complètement interloqués par mon attelage qui les fait beaucoup rire.
Par contre, je n'ai pas croisé un seul pèlerin avec qui j'aurai pu échanger. Le Tro Breizh est un parcours très exigeant qui rebute peut être les randonneurs à commencer par la nature de l'itinéraire pratiquement à 100% sur du macadam ce qui est assez rebutant.
A part une journée entière de pluie entre Dinan et Trémeur, j'ai bénéficié d'une météo optimum, beau temps avec petite brise rafraîchissante: l'idéal !
Pour rendre un blog vivant et léger, le voyageur doit le nourrir d'anecdotes où l'humour ne le cède qu'à l'insolite. C'est là où les choses deviennent difficiles pendant ce voyage. De ce point de vue, il ne peut y avoir que de l'amélioration dans la suite des événements.
Pour le moment voilà quelques photos de la ville de Vannes, magnifique place fortifiée, vieux quartiers biens entretenus avec des ruelles et maisons à colombage. Le chef jardinier de la mairie est un virtuose du dahlia et de la sauge !
7 septembre
Pauvre Coluche ! Parfois drôle mais toujours vulgaire ! De là où il est, il doit bien rigoler, lui qui était un peu anarchiste, de voir que maintenant son nom figure sur les avenues et les squares. Il y aura surement un jour un crétin d'homme politique qui va vouloir le faire rentrer à l'Académie Française à titre posthume voire, ce qui serait un comble, donner son nom à un lycée ! Cette mode actuelle de panthéoniser n'importe qui, est insupportable !
Une fois quitté l'interminable zone commerciale dans la périphérie de Vannes, en pleine campagne, quelques cèpes dont on se demande ce qu'ils sont venu pousser sur le bord de la route.
Le sanctuaire de Sainte Anne à Auray est le lieu de pèlerinage le plus important de Bretagne. Tous les ans, 800 000 pèlerins viennent se recueillir dans cette immense cathédrale. Elle est dédiée à Sainte Anne qui était la mère de Marie et donc la grand-mère de Jésus. Elle avait épousé un berger du nom de Joachim avec qui elle mettra 20 ans pour attendre la naissance de Marie. Elle est apparue en 1623 à Yves Nicolazic et depuis des commémorations ont lieu tous les ans le 26 juillet dans le sanctuaire.
8 septembre
Pendant mon étape à Vannes, j'ai sacrifié à mon goût pour la cuisine asiatique : sushi, chinoise, indienne. Malheureusement, depuis 2 jours le chopsuey de porc et le poulet massala se dispute le passage du canal de Suez ce qui me rend bien malheureux et inconfortable. A l'avenir, il faut que je m'en tienne aux spécialités locales : homards, tourteaux et langoustines.
A la sortie de Sainte Anne d'Auray, un cimetière militaire considérable. Très émouvant. Au premier abord cela paraît incongru car la Bretagne, et heureusement pour elle, n'a pas été le théâtre de combats d'envergure au cours des 2 dernières guerres. D'après un panneau explicatif, dans ce lieu sont rassemblés tous les blessés des guerres de 14/18 et de 39/45 qui ont été soignés dans les hôpitaux de l'ouest du pays et qui malheureusement sont décédés des suites de leurs blessures. A noter qu'un bon quart des tombes sont des sépultures musulmanes. On peut être sur que personne n'a demandé à ces pauvres gens de produire une carte de séjour. N'en déplaise à certains.
Plus j'avance vers l'ouest, plus les plantes et les fleurs changent dans les jardins toujours aussi magnifiques. C'est presque de l'exotisme tropical. On y voit maintenant beaucoup de bananiers, palmiers, d'arbres à soie et aussi de splendides trompettes des anges que j'avais admiré il y a quelques années dans les somptueux jardins de l'Alcazar de Séville.
Et comme partout dans ce beau pays, de belles pierres taillées dans le granit par l'artisan et par les ans, jalonnent la route du voyageur depuis la nuit des temps.
9 septembre
Quand j'avais fait mes réservations d’hôtel, j'avais consulté sur la carte, l'emplacement de chacun d'eux pour choisir ce qui me convenait le mieux. En ce qui concerne Lorient, j'avais donc pris un hébergement prés du port en anticipant le plaisir que j'aurai à déambuler le soir, sur le quai du joli port de pêche breton. Mauvaise pioche ! Ce que je ne savais pas c'est que Lorient avait été complètement rasé de la carte par les bombardements alliés pendant la dernière guerre. Du joli port de pêche breton il ne reste rien. En réalité mon hôtel se trouve dans la zone portuaire, entre des petits chantiers navals affreux, des silos et de la friche industrielle. Cet endroit est propice aux taggers de tout poil qui trouvent ici les surfaces nécessaires pour peindre d'immenses fresques souvent avec talent. Pour moi Lorient restera pour toujours l'endroit de ces peintures insensées.
10 septembre
Courte mais délicieuse journée de marche en évitant malgré tout le village L'Enfer. On ne sait jamais, le diable pourrait m'y attirer et m'y garder ! Il parait que l'immobilier y est très bon marché. Peut-être quelques amateurs dans mon entourage !
Tout ça pour arriver à mon étape du jour, Pont Scorff, dont le maire, en toute simplicité, a fait du superbe château local, les bureaux de la municipalité. Incorrigibles édiles !
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Pont Scorff
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11 septembre
Et il passa le reste de sa vie à courir après son ombre !
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Quimperlé : on a envie d'y acheter des livres
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12 et 13 Septembre
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Cathédrale Saint Michel Quimperlé
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Chez Hippolyte
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Après un bref séjour bien agréable à Quimperlé chez Hippolyte, chambre d’hôte sur le quai de la rivière Ellé, il faut partir pour une longue, très longue journée de marche. Le départ est laborieux avec la traversée interminable d'une zone pavillonnaire où je n'arrive pas à repérer ma position par rapport à la carte. Perte de temps à récupérer mon itinéraire. Un soupçon d'agacement, voire une légère irritation me gagne !
Quelques chevreuils, un beau cèpe le long de la route et toujours de splendides calvaires fleuris finiront par me calmer.
Sur une petite route de campagne, une voiture s'arrête et son conducteur Xavier, intrigué par mon attelage, est en veine de conversation. Nous faisons connaissance et comme il est l'heure, il m'invite à déjeuner dans le monastère du village voisin. Malheureusement j'ai un problème d'horaire et je ne peux accepter. Encore une fois la gentillesse des Bretons est quelque chose d'incroyable, la preuve m'en est donnée tous les jours depuis mon départ de Saint Malo. Nous nous quittons donc sans que Xavier n'oublie de me donner force médailles miraculeuses.
L’hôtel des Grands Voyageurs, avec une magnifique vue sur les remparts du port de Concarneau clôture cette journée mitigée. Je regarde ces magnifiques bateaux le long des quais avec admiration mais je ne ressens aucun appel du large : la mer ce n'est pas vraiment dans ma culture, je ne la connais pas et elle me fait peur.
Le lendemain départ devant l’église de la Trinité avec une photo pour la postérité. Puis ce sont quelques kilomètres, tant attendus, de chemins campagnards qui me rappellent le Perche. On s'y tord un peu les pieds mais c'est quand même plus agréable que le macadam.
Au détour d'un virage, une merveille m'attend au lieu dit Locmaria. Tant de beauté dans un endroit si isolé, c'est incroyable. Dans ce coin de Bretagne, le Finistère, à proximité des églises, on trouve très souvent, dans ce qui s'appelle l'Enclos, un petit bâtiment appelé l'Ossuaire. Je n'ai pas très bien compris l'origine et la signification de cet édifice. Celui de Locmaria est magnifique.
Un petit malin me fait bien rire avec ces trophées exposés le long de la route.
Puis après 60 km de marche en 2 jours, c'est l'arrivée à Quimper où s'impose devant moi la monumentale cathédrale Saint Corentin, 3ème des saints fondateurs de la Bretagne. Je suis à la moitié de mon parcours et à partir de maintenant je suis sur le chemin de retour vers Saint Malo.
Mais avant tout, demain, une bonne journée de farniente bien mérité.
14 septembre
En ce lundi matin, messe de 9 heures à la cathédrale de Quimper, il y a 6 con-célébrants et environ 200 personnes qui assistent à cette cérémonie ordinaire. La pratique religieuse en Bretagne, c'est quelque chose qui se vit au quotidien. C'est rare mais en même temps tellement réconfortant. En Bretagne le mot catholique n'est pas un gros mot.
De la même manière que je n'étais pas très convaincu par la présence des reliques de Saint Jacques à Compostelle, ni par le voyage de Sigeric vers Rome, j'ai quelques doutes sur la réalité des 7 saints fondateurs de la Bretagne. Ces légendes, par elles-mêmes, ne m'apportent pas grand chose spirituellement. Mais ces aventures sont un vrai prétexte à l'introspection, au retour sur soi : un pèlerinage vers l'intérieur, un cheminement vers le cœur. En plus du sentiment de liberté qu'elles procurent, elles sont l'occasion de trouver ou d'approfondir les dimensions spirituelles et humaines qui nous habitent. Les contraintes de l'effort et de la recherche des limites physiques sont porteuses d'humilité mais aussi de récompenses et de fierté. Le chemin vers Dieu ne s'arrête pas à Compostelle, ni à Rome, ni à Saint Malo. Ce chemin là continue toute la vie.
15 septembre
L'étape Quimper vers Briec est probablement la pire de tout le voyage. Le guide dont je me sers me fait passer par l'énorme zone commerciale à la sortie de la ville. Des ronds-points tous les 100 m et des indications inexistantes, fausses ou périmées. Je croise un groupe de pèlerins (les premiers depuis Saint Malo !) qui utilisent le même guide que moi et qui, évidement, rencontrent les mêmes problèmes. Puis c'est la D785, une abomination, qui reçoit une circulation routière aussi dense que celle d'une autoroute. Une journée bien pénible !
Tout ça pour, à l'arrivée, passer une heure à chercher mon hébergement, une chambre glauque dans une maison sinistre !
Le seul rayon de soleil de la journée, à 1 km à l'écart de la route principale est la chapelle Sainte Cécile, perdue dans la nature. Je m'y repose et je m'y calme.
16 septembre
Un petit problème de programmation de mes hébergements et me voilà parti pour faire 2 étapes en une journée. Je m'appuie mes 34 km d'un seul coup et j'attaque la traversée des monts d'Arrée qui propose de beaux dénivelés. Soigneusement j'évite ce village, car j'ai peur qu'il ne me porte malheur.
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Morne plaine ?
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Puis vient la Chapelle des Trois Fontaines. Une légende est attachée à ce lieu. Une mère de famille mourut en mettant au monde deux jumeaux. Le père ne sachant comment faire face à cette situation, décida d'aller noyer les enfants dans l'eau de ces fontaines. Mais avant de passer à l'acte, il se mit en prière. C'est alors qu'une belle dame lui apparut et lui promit de trouver une nourrice pour ses jumeaux. Ce qui fut fait. Depuis, on peut voir la trace du panier d'osier imprimé dans la pierre.
Bien rincé de fatigue après mes 34 km, je trouve un repos cent fois mérité dans une belle roulotte très confortable.
17 et 18 septembre
De Basparts à Commana, j'attaque le gros de la traversée des monts d'Arrée. 24 km qui finissent par me mettre sur les rotules. Heureusement j'arrive chez des gens adorables qui me loue une chambre pour la nuit. Simple et authentique ! J'adore.
Les monts d'Arrée sont la partie la plus à l'ouest du Massif Armoricain. Ils culminent à 385 m au mont Saint Michel d'où, paraît-il, on peut apercevoir les lumières de Brest la nuit par temps clair. La traversée que j'en ai faite commence réellement à Pleyben pour finir à Commana en passant par Brasparts. Une succession de collines à gravir et à descendre, dans un paysage magnifique par des chemins de montagne, une vue panoramique ! Bref tout ce qui fait la joie du randonneur ! C'est un des endroits les plus intéressants rencontré pendant ce voyage.
Après Commana, la route descend doucement en direction de la mer. C'est reposant. Un petite hameau me propose une jolie sinon rustique chapelle, Sainte Brigitte que j'envoie avec mes prières à ma petite sœur.
Au détour d'un virage, au loin, l'église de Saint Thègonnec mon étape du jour. C'est bon d'arriver au but de l'étape ce soir.
19 septembre
Météo France l'avait annoncé, je démarre les 26 km vers Saint Pol de Léon sous une pluie battante qui m'accompagnera toute la journée. Mon matériel n'est pas à la hauteur de ce que je pouvais en attendre ni de ce qu'il m'avait coûté. Rapidement, mes vêtements sont complètement trempés et à chaque halte, au bout de quelques secondes je grelotte de froid. Enfin, 2 jours de pluie en 4 semaines, je ne peux pas trop me plaindre non plus !
Pendant cette étape, on rentre dans le Léon, pays du chou, de l'artichaud et de l'élevage du porc. On sent ces derniers de loin. Des panneaux ça et là nous disent combien les agriculteurs sont soucieux d'une activité propre et écologique. Réjouissons-nous, il était temps ! En attendant, tous les étés des dizaines de milliers de tonnes d'algues toxiques se retrouvent sur les côtes de la Bretagne nord. Ces algues sont directement la conséquence de l'élevage industriel des porcs.
Après un certain hameau dont le nom me rappelle quelqu'un, j'arrive enfin à Saint Pol de Léon dont l'Eglise Saint Paul-Aurélien est la 4ème de mon périple et est dédié à un des 7 saints fondateurs de la Bretagne chrétienne.
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Tiens ! Tiens ! Je lis à l'envers ?
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Déjà 450 km de parcouru, et il en reste 250 pour fermer le carré. Cette dernière semaine m'a complètement épuisé et je passe une journée de repos, allongé sur mon lit d'hôtel, dans le doute, sans pouvoir bouger.
Pour terminer ce post sur une note positive, je voudrais ajouter qu'avant et au début de mon voyage j'étais très négatif sur l'itinéraire proposé par le guide Lepère car il suivait pratiquement exclusivement des routes goudronnées. En réalité ce sont les axes d'entrée et de sortie des villes qui posent de grosses difficultés à cause du trafic routier mais dès que c'est possible l'itinéraire nous dirige vers des petites routes de campagne où la circulation disparaît entièrement et la marche devient assez facile et déroulante surtout avec mon attelage. De plus, les kilomètres de marche s'accumulant, la peau de la plante des pieds se tanne presque comme du cuir, éliminant ainsi les risques d'ampoules.
Ce guide Lepère fait peu référence aux chemins de grande randonnée, les fameux GR. Je pense que le sigle GR est une marque déposée par l'Institut Géographique Nationale ou bien par la Fédération Française de Randonnée qui en a l'exclusivité de l'utilisation.
Mais finalement, malgré tout, je suis très satisfait de mon itinéraire.
20 septembre
Malgré une bonne nuit, je me réveille toujours dans un état d'épuisement total et un peu démoralisé. Mais nous sommes dimanche, l'église Saint Pol-Aurélien est à deux pas de mon hôtel et je me rends à la messe de 11 h. Pendant la cérémonie, je reçois une grâce extraordinaire par l'intercession d'un prêtre imprégné de l'intelligence et de l'humanité de Dieu. Bouleversé, ému, les yeux humides (la fatigue me rend émotif), je remercie le Seigneur de me donner ce signe dont j'avais tant besoin. Encore une fois, Il est là, toujours à mes côtés au bon moment.
En sortant de cette messe, je suis apaisé, la confiance est revenue et mes pensées vont à mes parents que je ne remercierai jamais assez de m'avoir élevé dans l'Evangile. C'est le plus beau cadeau qu'ils m'ont fait. Recevoir la foi en héritage de ses parents, voilà la plus belle des successions. Incontestable celle là !
21, 22 et 23 septembre
Comme j'ai pris une journée d'avance dans les monts d'Arrée, je décide de couper en deux l'étape Saint Pol de Léon vers Morlaix et de faire une halte pour la nuit à Carantec. Je connais bien Carantec pour y être venu souvent pécher le bar ces dernières années. Malheureusement pour éviter la disparition de l'espèce sur nos cotes, la pêche de loisir au bar est maintenant interdite.
J'en profite pour quitter mon itinéraire et suivre le rivage jusqu'à Morlaix. C'est magnifique ! Une belle quantité de canards se nourrissent dans le lagon au pied de superbes demeures avec vue sur la baie.
Un arrêt sur une plage déserte pour regarder les dessins sur le sable que laisse l'eau ruisselant de la marée descendante.
Puis un hébergement comme je les aime au Carmel de Morlaix. Un dépouillement et une frugalité extrêmes ! Une petite chambre avec un crucifix au mur comme seule décoration, un lit, une chaise, une table, et une bible sur la table : l'essentiel ! Le menu du diner est de la même veine. A notre époque un tel refus du confort, de la consommation débridée, de tous ces gadgets ridicules qui nous sont normalement indispensables, est en complet décalage avec notre civilisation et en même temps une protection contre les crises à répétition de cette dernière. J'ai adoré cette étape.
Le nationalisme breton est marginal dans le l'éventail politique mais les "lignes bougent" nous dit-on ça et là. Sans grande conviction semble-t-il.
24 et 25 septembre
Au matin, je quitte l'hôtel les Panoramas dont je salue ici la gentillesse du gérant, qui offre une vue sublime sur la marée montante en baie de Saint Efflam. Mais l'orage gronde et il faut se dépêcher de trouver un abri avant l'ouverture des vannes célestes. Ce sera avec armes et bagages dans la petite église de St Michel en Grève; après tout les églises sont bien sur des lieux de prière mais également des refuges pour les pèlerins ! Au bout de cette si belle plage de Saint Efflam, j'aperçois quelque chose qui me glace. Un tractopelle charge des algues toxiques dans des remorques de tracteurs. Je n'y emmènerai pas mes petits enfants faire des pâtés de sable sur cette belle plage. Nous avons vu plus haut les causes de ces dépôts d'algues essentiellement l'élevage industriel des porcs. C'est une honte !
Quelques kilomètres de chemins au milieu des bois pour découvrir, au milieu de nulle part, un petit manoir qui me plaît beaucoup. C'est le château de Coat-Tredez. Il est baigné dans une aura de mystère et de romantisme avec ses tours et ce granit toujours un peu triste. Nous sommes à quelques distances de la mer. Heureux propriétaire !
Quand on voyage il faut toujours être prêt à tout. Il y a deux jours je dormais dans un carmel et aujourd'hui, à Lannion, c'est dans une boulangerie que j'établis mes quartiers dans les faubourgs de la ville. Une petite chambre très propre au dessus du fournil ! Je pense que les croissants vont être délicieux demain matin.
Puis se sont les retrouvailles pour un bon diner avec Amélie qui m'accompagnera demain pendant 10 km. Le temps a bien changé depuis quelques jours et les averses se succèdent. La pauvre Amélie est bien trempée et mon équipement, peut être un peu voyant, me protège plus de la circulation routière que vraiment de la pluie.
Après le départ d'Amélie qui a fait demi tour pour rentrer à Lannion, je tombe sur ce hameau qui est indiqué sur ma carte comme Le Merdy Bihan. Cela n'aura échappé à personne qu'en breton bihan veut dire petit, en conséquence et en français on pourrait appeler cet endroit, Petite Merde, ce qui n'est quand même pas très agréable pour ses habitants.
Cette bonne pluie bretonne ne m'empêche pas d'arriver à l'extraordinaire Cathédrale Saint Yves, également dédiée à Saint Tugdual, le cinquième de mes 7 Saints fondateurs de la Bretagne chrétienne. Nous avons déjà dit que la plupart d'entre eux venaient, soit du Pays de Galle, soit d'Irlande. Il ne doit pas y avoir beaucoup de différence entre le gallois, le gaélique irlandais et le celte breton. Ne serait-ce que par efficacité linguistique et le souffle de l'Esprit Saint en prime, cela a du surement aider pour l'évangélisation des populations locales.
Après mes dévotions dans ces lieux à la fois saints et extraordinairement beaux, j'ai pris une petite rue qui aurait pu être l'adresse de certains de mes beaux-enfants porteurs de la robe et qui m'a conduit à l'excellent Hotel de l'Estuaire pour que mes pieds endoloris puissent prendre quelques repos.
Après un diner de délicieuses huitres dans un restaurant de proximité je m'en suis retourné à l'hôtel pour y vivre une expérience unique en son genre. Du jamais vu. Once in a lifetime ! Au moment où je mets la clef dans la serrure de la porte de ma chambre, je sens qu'il y a un problème car la poignée tourne dans le vide. Impossible d'ouvrir cette maudite porte. Au bout de quelques tentatives infructueuses, j'appelle donc le gérant sur son portable et, un peu agacé quand même, il rapplique au bout d'une demi heure avec sa caisse à outils. Avec une disqueuse il commence à couper la poignée récalcitrante, opération totalement inutile s'il en fut. Puis l'irritation le gagne vraiment et il sort le marteau et le tournevis. Mais de taper sur la pauvre serrure s'avère également absolument inefficace.
C'est alors qu'une autre catastrophe s'enchaine au problème de la porte car le fait de couper la poignée a créé un nuage de fumée qui se rend immédiatement dans le détecteur le plus proche et les hurlements des sirènes d'alarme se déclenchent dans tout l'établissement. Les gens sortent affolés de leurs chambres en petite tenue. On est dans une scène du Grand Guignol et je sens le fou rire qui me gagne. Je pleure, je hoquette, je n'en peux plus. Là c'est trop. Un peu d'air frais sur le quai de l'estuaire me permet de me recomposer un visage de circonstance.
Finalement le gérant et moi constatons qu'il n'y a plus rien à faire ce soir et prenons rendez vous pour le lendemain matin. Evidemment il me donne une autre chambre.
Pendant le petit déjeuner nous nous décidons sur une nouvelle stratégie. Plutôt que de s'escrimer sur cette porte récalcitrante, nous allons essayer de passer par la fenêtre de ma chambre que j'avais soigneusement fermée avant de partir prendre mon diner. Il s'agit de casser un carreau pour pouvoir l'ouvrir, y rentrer et moi d'en ressortir avec mon sac à dos et le reste de mes affaires par le moyen d'une échelle. Nous voilà donc parti, la fine équipe, mon hôte avec son marteau et moi avec l'échelle. Nous la positionnons sur le toit de la cuisine. Arrivé à hauteur de la fenêtre le directeur de l'hôtel constate qu'elle est équipée de grands carreaux, qui plus est, en double vitrage. Je lis sur son visage qu'il fait un rapide calcul en €uro et il redescend de l'échelle tout penaud en laissant cette magnifique et dispendieuse fenêtre intacte.
Bon maintenant ça suffit, il faut en finir ! La solution évidemment c'est la scie sauteuse, qui en deux minutes fait une jolie découpe autour de la serrure qui ne demandait plus qu'à céder et enfin, miracle, la porte s'ouvre. Quand même assez démoralisé, l'hôtelier regardant sa porte dévastée, me dit d'une voix que je trouve un peu chevrotante : "en plus mon menuisier est en vacances aux Baléares" . Là il est temps de filer car je sens le fou rire qui me reprend.
Démoralisé peut être, mais élégant très certainement puisqu'il m'offrit cette nuitée homérique dans son établissement.
26, 27, 28 et 29 septembre
Et le voyage continue, kilomètre après kilomètre, sans évènements particuliers, si ce n'est dans un gite après Tréguier, rencontre avec une équipe de jeunes venus de Roumanie pour récolter les haricots verts en Bretagne. Bonne ambiance ! C'est le week-end, et ils en profitent pour s'amuser et jouer au foot. Tous très gentils !
Une des distractions de la marche est de tomber sur d'adorables chapelles le long de la route comme
la chapelle saint Jacques avec sa belle fontaine et la chapelle Saint Antoine après Lanvollon.
Chapelle Saint Jacques Chapelle Saint Antoine
Tout ceci pour arriver à Saint Brieuc où je me rends d'office à la Cathédrale Saint Etienne, dédiée aussi à la vénération de Saint Brieuc, le 6ème saint fondateur de la Bretagne Chrétienne. Malheureusement cet édifice, d'une architecture massive contrairement aux autres très élancées vers le ciel, est en travaux et fermé au public. Je me rabats sur l'autre église de la commune, Saint Michel, également fermée. Allons bon ! Je remettrai donc mes dévotions à plus tard.
Il ne me reste qu'une seule visite à faire pour conclure ce Tro Breizh et ce sera pour Saint Malo dans 90 km et 4 jours de marche. A la grâce de Dieu !
30 septembre, 1 et 2 octobre
Pléneuf, Matignon, La Bouillie, La Ville Fini, La Ville Marqué, Ploubalay, ces étapes me rapprochent de l'arrivée, pas après pas, inexorablement. Des sentiments contradictoires se bousculent dans ma tête : la joie et la fierté de réussir ce challenge incroyable, d'arriver au but que je m'étais fixé mais aussi la tristesse que cette belle aventure si riche mais si difficile se finisse et l'appréhension du retour à la vie normale et des complications qu'elle ne manquera pas de me réserver.
En attendant, sur la place de Pléneuf, je croise un certain Monsieur Roty, le bien nommé et qui m'a bien amusé. D'après, la boulangère située sur le trottoir d'en face, son épouse est dotée du joli prénom de Bavette.
Demain, les 20 derniers kilomètres avant Saint Malo. La tempête s'est déchaînée toute la nuit et ce matin la météo n'était pas bonne ni pour aujourd'hui et ni non plus pour la journée de demain d'ailleurs. Ce seront demain, les 20 derniers kilomètres avant Saint Malo et la fin de ce voyage. Finalement je tente le coup et je passe au travers des éléments sans difficultés malgré quelques bonnes bourrasques à l'arrivée. A Ploubalay ne pas manquer le restaurant la Commune.
La fin du voyage approche et on peut réfléchir à partir des constats que j'ai pu faire tout au long de ces presque 6 semaines, sur le moyen de rendre ce Tro Breizh plus intéressant et praticable. Si le but ultime des différentes associations dont l'objet est de promouvoir ce parcours, est d'en faire une aventure similaire à celle vers Saint Jacques de Compostelle, donc d'attirer le plus possible de pèlerins ou de randonneurs, des mesures impératives doivent être prises. Il est clair qu'un tel projet sera très long à mettre en place, une dizaine d'année peut-être, et à faire accepter localement. Mais pour rappel, sur la partie espagnole de la route vers Compostelle, on compte environ 150 000 pèlerins par an. 150 000 personnes à loger et à nourrir pendant 800 km. L'impact économique est considérable.
En Bretagne, les instances touristiques des départements, de l'Etat, les associations, les mairies voire l'Eglise Catholique seraient concernées et parties prenantes. Comme cela a été le cas pour le chemin de Saint Jacques de Compostelle en Espagne et pour la Via Francigena en Italie, des financements européens pourraient être demandés et obtenus pour permettre entre autre aux mairies de faire et d'entretenir le balisage de l'itinéraire voire d'autres aménagements.
Tout d'abord il faut un itinéraire unique (éventuellement avec quelques variantes), balisé, et au moins à 90% par des chemins et sentiers, en évitant au maximum le macadam. La construction de cet itinéraire doit prévoir des étapes, en général, de 20 ou 25 km pouvant aller dans quelques cas jusqu'à 30 km.
Au bout de chaque étape, il faut un hébergement et de quoi se nourrir. Une charte est à mettre en place avec les hôteliers, gîtes, restaurateurs et magasins d'alimentation leur imposant un certains nombre d'obligations contre un label leur donnant le droit d'utiliser le sigle choisi pour cette randonnée et de figurer sur les guides et les documents de promotion. Une des obligations impérative, entre autre, pour les hébergeurs est l'ouverture de leur accueil à partir de 14 h. En effet pour une étape de 20 ou 25 km, et un départ à 9 h du matin on compte une arrivée entre 14 et 15 h. Quand l'hébergement ouvre à 17 ou 18h le randonneur fait quoi en attendant ?
Pour les pèlerins qui souhaitent donner une tonalité spirituelle à leur voyage, il serait également bon que l'Eglise puisse organiser un vrai accueil aux pèlerins dans les sept cathédrales dédiées aux sept Saints fondateurs de la Bretagne Chrétienne. Aujourd'hui ces sept lieux sont totalement vides de toutes références au Tro Breizh sauf dans l'église de Saint Patern à Vannes où la chapelle qui y est dédiée sert de débarras pour stocker les chaises et les bancs en surnombre dans la nef.
3 octobre
Pour cette ultime journée de marche, la pluie est là, dense, bretonne. Mon itinéraire change de direction tout le temps et cela complique ma progression. Mon imperméable qui n'est pas d'une très grande efficacité contre la pluie, mais au moins est assez voyant pour les automobilistes et surtout en ce samedi pour les chasseurs nombreux autour des champs de maïs.
A l'arrivée je suis trempé à la moelle et des difficultés pour trouver des vêtements secs, la pluie ayant traversé mon sac à dos.
Pour me récompenser de tant d'efforts, je me vote un budget pour une superbe chambre avec vue au dessus des remparts. Un couple de jeunes mariés s'enlace, elle dans sa belle robe blanche, de l'eau jusqu'au genou au milieu d'une immense flaque laissée par la marée descendante devant le Fort Nationale . Un vrai tableau romantique. Ils se souviendront toujours de cet instant incroyable.
Et c'est donc la Cathédrale Saint Vincent, avec ses vitraux fabuleux dans le soleil de midi ! Cette cathédrale est également dédié au 7ème saint à savoir Saint Malo.
Je suis dans la louange à Celui qui, toujours me donne la force de me lancer dans ces aventures insensées et d'aller jusqu'au bout. Merci aussi à Samson, Patern, Corentin, Pol-Aurélien, Tugdual, Brieuc et Malo qui m'ont permis d'aller les voir là où ils ont consacré leurs vies pour notre foi.
Saint Samson, Saint Patern, Saint Corentin, Saint Pol-Aurélien, Saint Tugdual, Saint Brieux, Saint Malo priez pour ma famille, pour mes amis et aussi pour moi. Avec cet abominable virus qui rode partout semant l'isolement et l'angoisse, nous en avons tous besoin.
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Eh Oui ! C'est fini.
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