2024 - CON LE ALI AI PIEDI

28 août


Réveil à 3h30 ce matin pour l’avion de 7 h pour Rome. Sans histoire sauf le stress qui me tenaille en continu depuis un mois. Je suis inquiet au sujet des dénivelés vertigineux qui m’attendent alors que j’ai très fait de grosses impasses sur la préparation physique. Des vertiges un peu inquiétants depuis quelques temps mais bon on verra !

Ma nouvelle cardiologue me terrorise. À chaque fois que je vais la voir (3 fois en 5 mois) elle me rajoute une couche de stress incroyable. Il y a toujours un problème: trop de ceci et pas assez de cela. Il a fallu que j’achète un appareil pour prendre ma tension : à la première mesure elle est montée à 19. J’ai immédiatement remisé cet instrument de malheur au fond de quelque placard. Insupportable, je ne veux pas vivre dans l’angoisse permanente.
Je suis en transit à la gare Roma Termini et me restaure dans le McDo du coin. Un ménage âgé s’installe à la table à côté de la mienne et récite le Bénédicité avant d’attaquer leur hamburger. Un autre monde ! Mais un monde que j’aime.
Train en retard, correspondance ratée, le lot du voyageur, le secret est de rester zen, no worries. Tout finit par s’arranger comme d’habitude.

Arrivé à mon point de départ de demain au village de Poggio Bustone, accroché à flan de montagne. Ces montagnes qui m’entourent, m’inquiètent. Elles culminent à plus de 2500 m et grâce à ma nouvelle cardiologue, je suis torturé par le doute.


Une heure pour se balader dans le village avant le dîner et je m’aperçois que je suis déjà venu ici en 2021 avec mon ami Adam McBride en faisant le chemin de Saint François d’Assise vers Rome.



Je reconnais bien le sanctuaire de la ville où je m’étais alors recueilli dans l’église St Jacques l’Apôtre. J’y retourne ce soir pour me mettre sous la protection du Seigneur. Je sens que je vais en avoir besoin.


Cette région est parsemée de sanctuaires fondés par St François comme le sanctuaire de Poggio, de la Foresta (où j’avais assisté à la messe en 2021), de Fonte Colombo, du Greccio. Dans la montagne à une heure de marche de Poggio se situe le Faggio di Francesco, le hêtre de François dont les branches sont emmêlées comme des serpents et sous lesquelles la légende voudrait que Saint François se serait abrité pendant un orage. Nous sommes dans les années 1200. 


Bien crevé par cette journée, je trouve néanmoins un vrai réconfort devant une assiette de bruschette aux cèpes que je partage avec mon nouvel et éminament sympathique ami Franco, qui souffre d’un veuvage récent et trouve un apaisement dans la marche. Le voyage c’est aussi la rencontre riche et partageuse.



29 août


Pendant quelques kilomètres jusqu’au village de Cantalice, je suis le chemin que j’avais pris il y a 3 ans. À partir de cette bifurcation, je suis totalement seul, plus de balisage, minuscule sentier dans la montagne et sans ma trace GPS, il est impossible de ne pas se perdre. Les choses sérieuses commencent avec des grimpettes épuisantes sous une chaleur épouvantable.

Je suis obliger de m’arrêter tous les cinq mètres pour reprendre mon souffle, la progression est terriblement pénible et bientôt ce sont les jambes qui ont du mal à me porter. Le doute s’installe. À l’arrivée à mon étape dans la ville de Cittaducale, je suis au bord du malaise. 20 km en huit heures. C’est trop dur. Je vérifie les courbes altimétriques des étapes suivantes et je réalise que je me trouve dans une situation très difficile par rapport à la suite des événements. Finalement je prends ma décision d’arrêter les frais.

C’est une immense déception que d’avoir à interrompre ce voyage. Trop de montagnes, trop difficiles, trop de dénivelés, trop vieux, plus assez de souffle ni de force. Et surtout de ma part, une mauvaise préparation et évaluation des difficultés de ce parcours. Pendant la gestation de ce voyage, pris par l’enthousiasme et mon tropisme italien, je n’ai pas pu ou pas su voir que je m’attaquais à quelque chose de beaucoup trop difficile pour moi. J’ai tout simplement oublié mon âge.

Ces derniers développements me laisse dans un état de sidération total et me posent des questions sur l’avenir : questions auxquelles il faudra bien trouver des réponses dans les jours et semaines qui vont suivre. Il va s’en dire que la tournure de ces événements ne se passe pas sans une certaine douleur.

Il me faut une heure pour organiser le retour sur Rome puis Paris et annuler toutes les réservations d’hébergements le long du chemin.

Arrivederci