2022 - 950 km de ROME vers SANTA MARIA DI LEUCA

On n'oublie pas l'Ukraine

De Janvier au 19 août 2022

Réaliser un voyage de cette nature sans aucune préparation physique est illusoire. Alors depuis le début du mois de janvier, il a fallu que je pointe en salle de gym 3 fois par semaine pour des activités aussi sopporifiques que rébarbatives : il aura fallu une volonté à toute épreuve pour continuer. Evidemment à 72 ans, cet exercice devient tous les jours plus difficile et malgré tout plus nécessaire !

De la même manière, pour profiter du bonheur d'échanger et de rendre l'amitié toujours si généreusement offerte par nos cousins latins, mes cours d'italien ont repris également depuis le début janvier sous la houlette de ma professeure Fiammetta. Très pédagogue, par sa gaîté et sa compétence, elle maintient intacte la flamme de ma passion pour l'Italie malgré la difficulté de suivre des cours derrière mon écran d'ordinateur. Je rencontre deux difficultés majeures dans cet excercice : d'abord la mémoire qui fout le camp comme le temps qui passe et la vitesse d'élocution des italiens qui tient au syndrome Ferrari alors que mon niveau tient plus de celui de la Fiat 500 !

Pour progresser d'une manière décisive dans ma pratique de la lingua italiana, j'ai le projet au début de 2023 de suivre pendant un mois ou deux des cours intensifs à l'université de Bologne. Dire que je suis impatient de commencer mes cours n'est pas assez fort. Je bouillonne d'impatience. 
 
La souffrance 3 fois par semaine

20 août 2022

Un embarquement et un vol sans histoire avec la nouvelle compagnie aérienne italienne Ita-Airways, la précedente ayant fait faillite depuis un an.



Dès que l'avion touche le sol, une bouffée de bonheur me gagne, ça y est enfin, moment attendu depuis si longtemps. Tant de travail de préparation tout l'hiver pour ce magnifique et probablement dernier grand voyage. C'est un samedi du mois d'août et il n'y a pas une voiture dans les rues. Le trajet vers le Vatican est idyllique et je baigne dans une douce euphorie.

Comme l'année dernière mon hôtel est contre le mur arrière du Vatican près de la porte d'entrée du musée. De la fenêtre de ma chambre, j'ai une vue sur les bâtiments à l'intérieur des remparts et je m'évertue à essayer d'apercevoir le Pape. Comme cela fait le troisième pélerinage que je fais jusqu'à et depuis Rome, j'èspère toujours un geste de reconnaissance de notre Sainteté et pourquoi pas une invitation à déjeuner ou au moins à prendre le café. Enfin on a le droit de rêver !

Derrière le Vatican

Je retrouve mon vieux complice Stan Maine venu tout exprès de Melbourne, Australie (voir voyage en moto Cape to Cape) pour faire les 10 premiers jours de marche avec moi, après il doit se rendre en Pologne pour rencontrer les beaux-parents de son fils. En réalité, il sort d'une infection au Covid et ce n'est pas la grande forme. Il décide donc de faire l'impasse sur la première journée et d'aviser au fure et à mesure.

21 août 2022



Lever aux aurores et petit déjeuner sur le toit de mon hôtel, pour découvrir que cette terrasse est juste à côté et au dessous du clocher de l'église voisine. De là à penser que mon voyage commence sous d'excellentes hospices sous la protection divine, il n'y a qu'un pas, que je me fais une joie de franchir avec ferveur.

Puis, c'est la traversée de Rome à pied au petit matin. Dans ma vie de voyageur, il y a des moments comme ceux là, inoubliables, tellement forts. Tellement imprégnés de tout ce qui m'entoure. Un immense bonheur ! Me revient à l'esprit cet instant dans l'Himalaya sur la chaîne du Pamir, à la frontière de l'Afganistan.

En laissant le Vatican derriere moi, je me dirige vers le Parco Adriano puis en traversant le pont Saint Angelo, j'aperçois de loin une forme humaine allongée sur le sol. Comment peut-on laisser dormir quelqu'un dehors à 100m du Vatican ? En réalité c'est une statue créée par l'artiste Jago. C'est magnifique !

Saint Pierre dans la lumière du matin

Le pont Saint Angelo

L'Altare della Patria (1900)

De l'Altare della Patria sur la Piazza Venizia jusqu'au Coliseum, le long de cette avenue immense, je marche en longeant l'Histoire dans toute sa grandeur : les monuments se succèdent, antiques et éternels. Moments riches et inoubliables !

Pour me rappeler que je ne suis pas là que pour faire du tourisme et que je commence aujourd'hui un pélerinage, je tombe sur deux religieuses de la communauté des Soeurs Missionnaires de la Charité (Soeur Thérésa) avec qui nous échangeons quelques mots et des promesses de prières. L'une d'elle me donne une médaille toute simple de la Vierge Marie que je mets autour de mon cou. Elle me guidera sur les sentiers italiens et les chemins vers Dieu. Voilà qui commence tellement bien et qui m'enchante !


Coliseo

Puis c'est la sortie de Rome par la porte San Sebastiano derrière laquelle se trouve une chapelle éponyme dans laquelle il fait bon se reposer et se recueillir. La petite lueur rouge est bien là sur l'autel. Il me protègera le long de mon chemin.

Je suis frappé par cette indication vers le sanctuaire de l'Amour Divin : l'essence même de la religion catholique.

La porta San Sebastiano

Le sanctuaire de l'Amour Divin

La petite chapelle à la sortie de Rome

La Via Apia Antica


Bientôt débute la Via Apia Antica, en ligne droite pendant 20 km, qui commence par la traversée des Catacombes de Saint Sébastien. Les paysages sont magnifiques, pins parasol, cyprès,... Pendant les dix premiers kilomètres, on devine, derrière de hauts murs, des propriétés "haut de gamme" au milieu de jardins somptueux. La voie est encore pavée à la romaine, ce qui n'est pas très pratique pour les chevilles et rend la progression difficile. Malgré tout un balade sublime. Puis, c'est une bonne grimpette de 7 km pour arriver à Castel Gondolfo, petite ville adorable au bord du lac Albano et surtout résidence d'été de notre Pape.

Première journée de 28 km sous une chaleur accablante, le souffle court en permanence : je suis épuisé.

Le lac Alano et à gauche la résidence d'été du Pape

22 août 2022

Enfin Stan se décide à marcher cette journée avec moi à travers bois pour rejoindre la ville de Nemi au bord du lac de cratère du même nom. La spécialité du coin est la fraise des bois dont le patissier local fait des tartelettes qui sont à tomber de l'armoire. Elles sont délicieuses. Stan décide de rejoindre l'étape en bus et je continue à pied.

Nemi et son lac

Tartelettes aux fragole di bosco

23 et 24 août 2022

Courte journée de 19 km en solitaire pour arriver dans le village de Cori qui m'offre une jolie vue sur les vignobles et la plaine qu'il surplombe. Seulement, je suis complètement épuisé et le pied droit handicapé par des ampoules épouvantables. Demain, l'étape prévue est de 31 km que je suis totalement incapable d'accomplir. La solution qui s'impose est le recours au transport en commun vers Sezze où je me repose toute la journée et mets à jour mon blog, oeuvre littéraire incomparable. Mon hébergement est dans une maison affreuse dans la montagne mais avec une vue sublime sur la plaine et la Méditerranée.

Cori

Sezze, au loin la mer !

25 août 2022

Montagnes Sezze

Presqu'île Monte Circeo

La journée au départ de Sezze s’annonce si facile que Stan décide de m’accompagner. Les montagnes et au loin la presqu’île de Monte Circeo sont absolument sublimes. Sur ma carte, le chemin est d’abord en descente vertigineuse sur 5km et ensuite pendant 16 km dans la plaine sur le plat. Le problème, c’est que nous ratons une bifurcation au début de la descente et nous retrouvons en situation très difficile dans des pierriers instables qui ne demandent qu’à nous faire dévisser sur des centaines de mètres. Je suis malgré tout le tracé d’une piste sur ma carte mais qui n’est pas vraiment matérialisée sur le terrain. Excédé, Stan décide de prendre un autre chemin et nous nous donnons rendez-vous au bord d’un étang que nous apercevons tout en bas au pied de la montagne. Après une descente vertigineuse et très casse-gueule je l’y attends et au bout d’une heure et demi je le vois arriver dans un état épouvantable, en sang, après deux chutes. Le moral est au plus bas et je l’installe à un croisement pour qu’il puisse se rendre à l’étape en auto-stop. Pour lui, la randonnée italienne est finie.

De mon côté, les événements de la matinée ont laissé des séquelles et épuisé, je me traîne pendant les derniers 15 km en boitant. La chaleur est abominable et je suis à la peine, au bout du rouleau, contraint de faire une pause allongé à l'ombre des rameaux des oliviers tous les deux kilomètres.

Il est certain que dans ces difficiles conditions, j’ai du mal à admirer le paysage et mon énergie est plus concentrée sur mes pieds que sur le bucolique de la campagne environnante. 

26 au 29 août 2022

Le lendemain matin impossible de mettre le pied droit par terre et la décision d’arrêter les frais pendant quelques jours s’impose d’elle même. Il ne faut pas que ce voyage tourne au cauchemar. Je fais un péleroinage, pas un chemin de croix !

La poupée rose !

J’ai des ampoules de sang sur les orteils et la plante des pieds à vif. Pendant 5 jours je ferai mes étapes en auto stop, train ou autobus.

Les horaires étant ce qu’ils sont en Italie, les informations obtenues sur internet sont toutes fausses et cela nous donne l’occasion de longues attentes aux arrêts de bus, pimentées par des rencontres et des discussions avec les autres voyageurs. Tout le monde prend les choses du bon côté, avec beaucoup d’humour et malgré la fatigue cette ambiance de positivité me gagne. Stan lui passe le temps aux arrêts de bus à travailler son swing !





Le soir, quelques bières remettent le moral à un niveau optimal.


Quelque paysages magnifiques, des villages fortifiés dans la montagne puis la ville de Terracina, peu intéressante comme le sont d’habitude les stations balnéaires.

Eglise de Priverno

Château de Fondi

Fortificatio d'Itri

Plage de Terracina

29 et 30 août 2022

2 nuits de prévue dans le même hébergement à Formia, port au nord de Naple sur la Méditerranée : le luxe ! Je suis logé dans une chambre très confortable dans un cabinet d'architecture ! J'ai l'impression que Margot va ouvrir la porte de ma chambre d'une minute à l'autre !!! Stan en a marre et décide de rentrer à Rome demain par le train. Evidemment, quand on marche peu ou pas, le temps peut être long et la nouveauté de ce que l'on découvre ne suffit pas à rompre la monotonie du voyage. Tout se sera très bien passé entre nous pendant ces 10 jours sans l'ombre d'un problème.

Pendant mon jour de repos, j'en profite pour me rendre sur le Monte Cassino, à 50km de là. Sur cette abbaye piquée sur un sommet au dessus de la ville de Cassino, une terrible bataille a eu lieu début 1944. Des troupes d'élites allemandes tenaient l'abbaye et les assauts alliés (polonais, neo-zélandais, français et américains) n'ont finalement abouti qu'avec des pertes considérables et des bombardements qui ont totalement anéanti cette abbaye bénédictine.

Abbaye du Monte Cassino aujourd'hui

L'abbaye début 1944

Tout a maintenant été reconstruit et en particulier la basilique avec tout le talent auquel on peut s'attendre des artistes et des architectes italiens.






Au pied de la montagne, en passant devant les cimetières militaires des différents pays impliqués dans cette affaire, je pense à l'Ukraine dont les cimetières aussi se remplissent à toute vitesse. Finalement on n'apprendra jamais rien de toutes ces guerres. Après chaque conflit, tout le monde pense que, c'est juré, c'est la derniere mais jusqu'à la fin des temps on sera toujours à la merci d'un fou furieux qui ne demande qu'à appuyer sur le bouton.

Demain, c'est le départ pour traverser la botte jusqu'à Bari. Je suis impatient de repartir, complètement seul cette fois et trop content que l'envie d'avoir envie soit revenue. Les pieds sont pratiquement réparés, le moral au beau fixe. Il faudra être très vigilant avec la chaleur, donc avec l'eau mais aussi avec les orages de milieu d'après midi. Jusqu'à présent je n'ai pas rencontré un seul pélerin, et je doute en croiser beaucoup plus dans la région que je vais traverser.

1er au 3 septembre 2022

Une première journée de marche juqu'à Minturno dans la fournaise de cette canicule dont la durée commence à inquiéter. La sueur qui me dégouline dans les yeux m'aveugle et j'ai du mal à lire ma carte. Aucune fontaine pour me rincer le visage. Grosse difficulté pour trouver mon hébergement et je finis de m'épuiser dans cette quête. Vers 1h30 du matin, réveil par un feu d'artifice du village voisin, ce qui est une folie dans la sècheresse ambiante. Ils vont me mettre le feu ces idiots. La météo du lendemain est pessimiste avec des orages prévus toute la journée. Cela promet, malgré tout, quelques rafraîchissements bienvenus.



Puis deux jours de marche qui me permettent de quitter le bord de mer et ses frivolités. La côte est un hymne à la laideur et je suis content de retrouver la beauté et la solitude de mes montagnes. Sessa Aurunca, Teano, Statigliano, les villages se succèdent. Ca commence à grimper sérieusement, c'est difficile mais plus on monte plus on est récompensé par la vue magnifique. La direction générale est vers Benevento, puis Bari sur la côte Adriatique. Ici et là, au détour du chemin quelques lieux de prière et de recueillement. De pauvres chapelles, abandonnées dont les murs commencent à être transpercés par la végétation. Elles ne vont pas tenir longtemps. Cela me fait trop de peine !



Pauvre chapelle abandonnée

Le clocher de certaines églises changent pour prendre une allure qui annonce la province des Pouilles.


Bon, après deux semaines de voyage, je peux faire une sorte de bilan sur mes activités pédestres pour lesquelles j'éprouve malheureusement quelques difficultés à positiver.

Pour ce voyage, une fois n'est pas coutume mais il y a une certaine possibilité que j'ai eu les yeux plus gros que le ventre car j'ai des énormes problèmes pour avancer, je me traîne, le souffle court, les jambes en coton, obligé en fin de journée de faire des pauses pratiquement tous les deux kilomètres. J'arrive dans mes hébergements complètement rincé de fatigue. Quel changement par rapport à mon dernier voyage en Italie il y a un an ! Dans ces conditions, il est difficile de s'extasier devant le paysage, de faire des rencontres riches voire de se lancer dans des introspections profondes, spirituelles ou autres. Pour résumer la situation, je vis ou plutôt, je subis le télescopage de mon âge et de mes ambitions. Il faudra en tenir compte dans l'avenir, les choix, de toutes les manières, devant s'imposer d'eux mêmes. Pour l'instant, malgré le doute qui s'intalle, il va falloir continuer à avancer lentement car je ne me vois pas ne pas aller au bout de cette aventure.

Dans mes voyages italiens précédents, je sous-traitais les réservations de mes hébergements à une agence de Pérouge, Viadelsole qui m'avait fait à chaque fois un travail excellent. Comme pour ce projet au sud de l'Italie, cette agence avait décliné ma demande, j'ai été obligé de m'en occuper moi-même ce qui m'a pris une bonne partie de l'hiver et quelques cheveux blancs supplémentaires.

Mais contrairement aux provinces du nord, il n'y a pas, dans cette région, une grande densité d'activité touristique donc trouver des hébergements a été compliqué. Finalement j'ai du me résoudre à faire des réservations dans des Bed & Breakfeast à l'extérieur des villages, parfois assez loin, souvent très modestes. Le problème, c'est que après une journée de marche éreintante, l'obligation pour se nourrir de faire quelques kilomètres supplémentaires  pour se rendre au restaurant ou à l'épicerie du village est juste infaisable.

Pour finir ce tableau un peu sinistre, je regrette les sentiers que je suivais dans la plaine du Pô, en Toscane et dans les montagnes autour d'Assise. Depuis Rome, je suis sur des routes goudronnées dans 98% des cas. Ce n'est pas très bucolique, souvent surement très dangereux et est la cause d'épouvantables ampoules aux pieds.

Bon ça ira mieux demain.

04 septembre 2022


En descendant de la montagne ce matin, dans le village de Baia e Latina, la mairie dans son louable souci d’occuper les jeunes, a installé un play-ground avec tout ce qu’il faut comme balançoires, toboggans, et autres agrès indispensables à leurs enfants. Mais tout à coté du toboggan, incroyablement ils ont mis un authentique canon de 30mm. J’espère que l’on ne donne pas de munitions aux bambins car l’arme est pointée vers l’église et seul un anticlérical primaire pourrait se réjouir de la destruction de ce bel et divin édifice. Voilà une rencontre incongrue comme je les aime !

La météo étant mauvaise pour cet après-midi, je me dépêche autant que possible pour arriver à bon port dans le village d'Alife avant les orages. Malheureusement ces derniers arrivent plus tôt que prévu et je m'abrite en urgence dans une construction abandonnée dans quelque friche industrielle dont les italiens ont le secret. Je me fais un peu de cinéma en m’imaginant que cet endroit est une église en construction et comme nous sommes dimanche, je chante de beaux cantiques presqu’assez fort pour couvrir le tonnerre de l’orage : seules les gouttes de pluie auront été les témoins de la détérioration inexorable de mon état mental.

Mon église d'une heure !

En déambulant dans les ruelles de la ville d'Alife, j'avise le bar Pompei qui doit avoir un bon stock d'eau pétillante bien fraîche. Je découvre qu'en même temps de ses autres activités, il fait également glacier et ça tombe bien car l'heure de mon gelato journalier est arrivée. Avec stupéfaction je découvre qu'il propose une glace aux cèpes : quel talent ces italiens !

Gelato ai porcini

En dégustant ma délicieuse glace, je m'approche de l'église de l'Assomption alors qu'une procession se met en place. Elle est en l'honneur de Saint Antoine de Padoue, dont la statue est portée par quatre robustes italiens. Comme il se trouve que j'ai quelques Antoine dans mon entourage, je joins mes dévotions à celles des paroissiens. J'imagine que le chemin que nous suivons dans la ville est le même depuis la nuit des temps et j'aime cette continuité simple et immuable dans la foi de cette communauté.





Le sol de certaines rues est joliment décoré avec des fleurs et des plantes odorantes ce qui dénote une préparation importante pour cette cérémonie dont l'implication d'un grand nombre de personnes. Je ne remercierai jamais assez le Bon Dieu de m'avoir permis de participer à cet après-midi magnifique.

5, 6 et 7 septembre 2022

Belle étape de montagne aujourd'hui avec des vues magnifiques. Je me régale. C'est trop beau ! je me tape de bonnes grimpettes mais ça va. Le moral est revenu.



En traversant le village de Castelvenere, juste avant mon arrivée à l'étape de Telese Terme, devant la mairie je trouve un autre canon auquel est accroché le drapeau des homosexuels et dont jaillit de la gueule une gerbe de fleurs immense. On saisit tout de suite le symbolisme un peu puéril, touchant mais qui m'amuse beaucoup. J'espère que ce n'est pas ce type de canon que l'on donne aux ukrainiens pour arrêter les colonnes de blindés poutiniens !


Bien arrivé à mon étape du jour, la petite ville de Telese Terme, au pied d’une montagne, le Pizzo del Tesoro, qui se dresse comme un mur devant moi. En principe je dois la franchir demain, mais en y regardant de plus près, je constate que sur 9 km je dois me coltiner un dénivelé de 930 m. Hors de question de me taper une pente de 10% pendant aussi longtemps. Rien que l’année dernière je l’aurai fait mais maintenant il faut que je revois mes ambitions à la baisse et là je renonce. Je vais m’organiser pour me faire déposer au sommet de ce monstre et ça ira très bien.

Le mur !

Une fois arrivé en haut, c'est le bonheur total. C'est magnifique ! Un panorama époustouflant ! Tout là haut, je suis dans le maquis avec des parfums de plantes inconnues mais qui donnent des envies de cuisine provençale. Puis en descendant, ce sont les oliviers, dont les branches croulent sous leurs fruits. La récolte est pour bientôt ! Leurs branchages donnent un ombrage délicieux sous lequel il fait bon poser son sac et se reposer quelques instants.


8 et 9 septembre 2022 de Vitulano à Benevento

Une matinée somptueuse avec une bonne grimpette pour commencer puis une descente en douceur sur une dizaine de kilomètres. Maintenant, je marche bien pendant environ 3 heures et c'est après que ça ce complique un peu. Les problèmes d'ampoules sont derrière moi et la peau de la plante des pieds est dure comme du cuir. Je suis ravi de retrouver ces montagnes superbes dans une solitude absolue. Un Ave Maria en travers de la route pour me rappeler à celle qui me montre le chemin, j'ose dire compte tenu des circonstances où je me trouvre, au propre et au figuré.

Ora pro nobis

Puis c'est l'arrivée à Benevento, le chef-lieu de la province du même nom où je vais passer une journée de repos à la fois bienvenue et extrêmement méritée.
Je vous laisse découvrir cette ville très ancienne au travers de quelques photos. A noter toutefois l'eglise Sainte Sophie du 13eme siécle dont l'extérieur ne laisse pas deviner, la beauté simple et pure de l'intérieur qui me coupe le souffle par son originalité : elle est assez petite et hexagonale. Huit colonnes carrées en brique et au centre six coonnes en marbre soutiennent les ogives du plafond. C'est la merveille de ma journée.

Mon hébergement se trouve près du centre historique et des universitès dont le conservatoire de musique. Les fenêtres de ce dernier sont ouvertes sur une jolie place avec des bancs où je m'installe pour écouter la répétition d'une chorale : la magie est là et je passe un long moment à écouter, subjugué, transporté. Quels riches instants ! Tant que l'on pourra s'assoir sur un banc sur une place public pour écouter une répetition de chant sublime dans l'immeuble d'en face, il ne faut pas désesperer de l'humanité !

Le Campanile

Le Roceo dei Rettori

Eglise Sainte Sophie extérieur

Eglise Sainte Sophie intérieur

Jolie place anonyme

Arche de Trojan

La statue d'Api

De la bouche d'une statue, en l'occurence de la tête d'un homme, sort un filet d'eau où les pigeons du quartier viennent se désaltérer. Vers 11h la chaleur est intenable et en nage, j'abrège mes visites pour me réfugier dans ma chambre climatisée. Il va falloir prévoir assez d'eau pour ma longue étape de demain.

LA SOIF !

Benevento est donc une ville universitaire où les jeunes ont l'air de bien s'amuser. On peut même prendre une gueule de bois et la soigner au même endroit !


Un petit bémol à cette journée magnifique, à savoir qu'il y a un problème avec ma balise qui ne se charge plus. Aujourd'hui la batterie est définitivement épuisée et la balise s'est arrêtée. Cela fait la deuxième fois que cette balise me laisse tomber (la première fois en Tanzanie) et ça commence à me courir. Un léger agacement voire une sourde irritation se radine ! Il ne faut pas compter sur le service après vente des établissements Garmin qui a d'autre chose à faire que de répondre aux mails des clients.
Donc à partir de maintenant, sur mes posts, je mettrai le nom des étapes pour que ceux qui me suivent sachent d'où je les envoie.


La reine d’Angleterre est décédée hier et sincèrement je souhaite paix à son âme. Elle était adorée par les anglais ce qui est quand même important quand on se rappelle ce que sont devenus les derniers monarques français.
Ceci dit je n’ai jamais été un grand admirateur de la monarchie britannique avec ses couronnes, ses diadèmes, ses manteaux d’hermine, ses carrosses en or et ses princes en uniformes militaires couverts d’autant de décorations que ceux d’un général soviétique.
Depuis 70 ans, qu’est ce qui a été fait pour dépoussiérer les pompes extravagantes de cette monarchie, la simplifier et la moderniser ? Rien.
La presse se fait écho de la stabilité qu’elle a apportée à son royaume pendant son règne. Bon, on pourrait débattre là dessus. Pour ma part, j’y vois beaucoup d’immobilisme. On ne peut pas dire qu'avec tous les scandales épouvantables qui ont été le lot de quelques membres de sa famille, il a été fait la preuve d'une grande stabilité de ce côté-là.
La monarchie anglaise ne tient pas la comparaison avec les monarchies scandinaves, hollandaise ou espagnole qui elles ont l’air d’être plus dans le siècle.

Du 10 au 14 septembre 2022 de Buonalbergo à Celle di San Vito, puis à Troia, puis à Castelluccio, puis à Ordona

Après Benevento, c'est la culture du tabac qui prédomine, on est en pleine récolte. Les massifs montagneux se succèdent, il faut les franchir les uns après les autres, parfois dans la douleur, mais toujours dans le bonheur : je me régale, c’est absoluement grandiose.




Les dénivelés sont démoniaques, en particulier entre Benevento et Buonalbergo, où là, je crois que j’ai atteint le maximum de ce que je pouvais physiquement faire. A l’arrivée je suis un zombie de fatigue. Impossible d'avancer 10 mètres de plus ! Après Buonalbergo le paysage change complètement, agriculture de montagne, plateau céréalier et des milliers d’éoliennes.

Je viens de quitter la province de Compania pour rentrer dans les Pouilles précisément dans le village de Celle di San Vito. Depuis le belvédère de ce village, une vue magnifique sur une immense plaine qui sera mon plat de résistance pendant quelques jours.


Sur la place de l’église un homme me raconte que ce village de Celle di San Vito ainsi que son voisin Faeto, plus haut dans la montagne, ont une particularité incroyable. Le patois local est du francoprovençal.



Le francoprovençal est une langue Romane parlée en France, en Suisse romande et au nord de l’Italie (vallée d’Aoste). C'est l'une des langues distinctes du groupe linguistique gallo-roman. L'expression peut induire en erreur car cette langue n'est pas un mélange de français et de provençal. Elle est juste située, géographiquement, entre les deux.
Le francoprovençal ou arpitan, une branche des langues gallo-romanes qui s'est séparée des langues d'oïl et partage aussi des traits similaires avec l'occitan.

C’est étonnant d'apprendre l'existence d'un dialecte francoprovençal, isolé depuis des siècles au coeur des Pouilles, dans le sud de l'Italie. Probablement dû à une immigration au 14ème siècle. Voilà une découverte tout à fait intéressante.

Si on aime l’Italie de passion, ce qui est, tout le monde en conviendra, mon cas, ce n’est pas à cause des petits déjeuners que l’on sert dans pratiquement tous les hébergements : tout est sous cellophane, un pseudo croissant totalement insipide, une tartelette industrielle ultra sucrée. Heureusement , ils sont meilleurs sur la pasta aux cèpes !

Petit déjeuner sous cellophane

Le summum cela aura été le petit déjeuner proposé à la Maison du Pèlerin du village de Buonalbergo, le mal nommé. Avec ça dans l’estomac, pas question de tenir une journée de marche !

La colazione Buonalbergo !

Avant d'arriver à Troia, la femme qui gère mon hébergement, m'annonce que soit je peux m'y presenter avant 13h soit ce sera après 15h. Je fais donc le forcing et accélère la cadence. A l'arrivée, une lègère douleur à la cheville gauche. Je sens que j'ai dépassé les limites qui m'ont été autorisées. La facture ne se fait pas attendre car pendant les 2 jours suivants, dans un paysage presque désertique, sous un soleil de plomb, sans le moindre hameau, le moindre village, sans assez d'eau, je pars en galère avec cette douleur qui s'installe, forte et permanente et qui me ruine la vie.


Arrivé dans un agriturismo près d'Ordona, une fois mes chaussures enlevées, je ne peux plus poser le pied par terre. Des questions existentielles me viennent à l'esprit quant à ma capacité à finir ce voyage !


Pendant cette dernière journée, dans un rare sentier, je vois une empreinte de chaussure et, avec espoir, je me demande si, enfin, il n'y aurais pas un autre marcheur devant moi. 10km plus loin, sur une route toute droite, hyper passante, je repère au loin un modeste arbuste sous lequel je pourrai me reposer en m'abritant du soleil. Bonne pioche mais l'arbuste est déja occupé par un anglais évidement sympathique et original. Grand randonneur devant l'éternel, il a tout fait : Compostelle, la via Plata, la via Lusitania, la via Francigena depuis Canterbury etc . . . Nous nous quittons avec l'espoir de nous revoir sur le chemin.

15 septembre 2022  Stornara

Devant l'impossibilité où je suis de marcher, le gérant de l'agriturismo me dépose à Stornara, l'étape du jour, dans un bar, l'Antico Borgo, qui est également mon hébergement. Tout de suite tout le monde s'active pour me trouver un médecin qui arrive dans le bar un quart d'heure plus tard. Je comprends à peine ce qu'il me préconise, probablement un anti inflammatoire que le barista (barman), va lui-même chercher à la pharmacie : bref, l'Iralie dans toute sa splendeur, gentillesse, élan et accueil. Ces gens sont incroyablement gentils et attachants.
Maintenant il ne reste plus qu'à attendre que le médicament fasse de l'effet, sinon c'est sûrement le retour à Tourouvre qu'il va falloir organiser.

Les petites oreilles

Afin de me remonter le moral, mes hôtes me proposent pour le dîner une délicieuse pasta de la province des Pouilles, les fameuses orecchiette, que l'on peut traduire par petites oreilles. Avec une sauce tomate faite maison et soupoudrée avantageusement de basilic, je me régale. 


Pour en revenir sur la gentillesse des italiens, il faut ajouter quelque chose de précieux à savoir qu'ils adorent la France. Ceci est quand même une rareté dans le monde que nous soyons admiré par un peuple étranger. D'ailleurs, en 1940, les hostilités entre l'Italie de Mussolini et la France étaient totalement contre nature. Il ne faut pas oublier que la France du Second Empire a été determinante dans la construction de l'Italie unifiée, en prenant fait et cause militairement pour rejeter les autrichiens hors du nord de l'Italie (batailles de Magenta, Solferino).

16 septembre 2022 Cerignola

Depuis presque 4 semaines, je sillonne la campagne de villages en hameaux profitant de la paix rurale et de la nature et l’arrivée ce matin dans la grande ville de Cerignola me désoriente complètement. Embouteillages, magasins, foule, bruit ; je ne sais pas si je ne préfère pas mes cittá piccole habituelles.
Afin d’éviter tout effort à mon pied, je passe la journée dans mon hébergement à m’embêter sauf pour une brève visite à la monumentale cathédrale Saint Pierre au bout de ma rue. Mes bâtons de marche ne sont pas très adaptées comme cannes médicales et je boîte bas.
Je ne ressens pas une amélioration significative de l’état de ma cheville et cela m’inquiète un peu. Les anti-inflammatoires sont efficaces quelques heures mais attention aux effets collatéraux et pour le moment je me limite à deux par jour. Mon excellent cardiologue me prodigue ses conseils à distance.

San Pietro di Cerignola

17 septembre 2022 Canosa di Puglia

Encore un trajet en voiture avec la fille de quelqu'un rencontré la veille et j'arrive pour déjeuner chez un poissonnier qui peut également préparer des plats dans une ruelle près des halles. Et là ce sera un grand moment avec des délicieuses bruschette et des spaghetti aux moules, poulpe et oursins. C'est tout simplement bon à tomber de sa chaise. Les bruschette, rien de plus facile : une petite tartine de pain grillé, on coupe des tomates en petits carrés, du sel, un filet d'huile d'olive, on soupoudre un peu de basilic. C'est tellement bon !

Bruschetta classique

Spaghetto con polpa di riccio e cozze

Le moment est venu de rejoindre mon B&B où je découvre quelque chose d'incroyable dans ma chambre...


Les églises visitées journellement sont beaucoup plus simples que celles du nord de l'Italie avec leur marbre et leur magnificence. Mais elles sont si accueillantes et si attachantes par leur simplicité : on va à l'essentiel, à la foi. Dans la cathédrale Saint Sabinus de Canosa di Puglia, une curieuse statue sculptée à l'intérieur d'un tronc d'arbre !

Saint Sabinus de Canosa


L’hiver dans les froidures du Perche, bien au chaud près de la cheminée, derrière son ordinateur quand on prépare un voyage comme celui-là, évidemment on imagine voire on rêve à ces paysages, à ces gens, à leurs activités, à la météo du pays que l’on va découvrir. On reste un peu dans l’image d’Epinal par rapport à ce dont on se doute, de ce qu’on a lu ou entendu du pays. C’est une première manière de voyager.
Puis quelques mois plus tard quand il faut se lancer dans la réalisation effective de ce projet, on est obligé de se réajuster à la réalité et c’est un deuxième voyage qui commence. En ce qui concerne le sud de l’Italie ce que je vois depuis mon départ de Rome ne correspond en rien à ce que j’imaginais à savoir un pays très en retard par rapport au nord de l'Italie, avec des paysages arides, des gens très pauvres, genre le viel homme conduisant son âne chargé de fagots le long de mauvais chemins.
Bref quelque chose entre l’Italie industrielle du Piémont, Lombardie, Vénétie et l’Afrique du nord.
En fait j’ai trouvé une région assez verte en dépit de la sécheresse, une agriculture très importante, quelques belles usines. De belles voitures allemandes dans les villes et sur les routes. La plaine des Pouilles que j’ai traversée très céréalière de Celle San Vito à Stornara, puis plus on arrive sur la mer plus on trouve d’énormes plantations d’arbres fruitiers divers mais surtout des exploitations considérables d’oliviers. Tout ceci donne le sentiment d’un activité économique assez soutenue, loin de ce je pensais.
Une fois ce voyage réel terminé, il faut rentrer dans ses foyers et c'est là que le troisième voyage commence. Celui-ci navigue entre les souvenirs, les photos et les échanges qui continuent avec quelques amis rencontrés sur le chemin. Donc 3 voyages pour le prix d'un ! Partir c'est le bonheur !

18 septembre 2022 Andria

La voiture arrive sur la droite à toute vitesse et comme je suis à la place du mort, en 1/10 de seconde je comprends que le grand voyage s’arrête là pour moi définitivement. Comment Pasquale qui me conduit dans sa Fiat qui a connu des jours meilleurs il y a bien longtemps, a réussi à éviter l’accident, cela restera une des questions non-répondue jusqu’à la fin de mes jours. J’ai bien peur par ailleurs que ce ne sera, malgré tout, pas la seule. Mais pour un pays qui a inventé des voitures comme Ferrari, Lamborghini et Maserati on se dit qu'il faut bien que les conducteurs soient à la hauteur pour les conduire.

Il Duomo Andria

Une belle messe épiscopale à la cathédrale d'Andria et je me laisse emporter par les chants de cette chorale extraordinaire qui emmène l’assistance dans une ferveur divine.

Le Campanile Andria

C’est la grande fête dans la ville en célébration de son saint patron dont le nom m’échappe. La foule immense déambule dans le bruit et la musique entre les forains et les bars sur l’avenue principale.
Dans les cafés, ça picole dur et le nouvel apéro italien à la mode, le fameux Spritz coule à flot !



Comme d’habitude la journée se termine par une procession dans les rues et les ruelles de la ville, les confréries se succèdent les unes derrière les autres, les statues des saints sur leur catafalque aussi, le tout dans une cacophonie épouvantable entre les cloches de la cathédrale, la fanfare et les cantiques chantés par un jeune prêtre qui s’égosille devant son micro. Ça m’amuse beaucoup.




Tout ça m’a ouvert l’appétit mais j’ai besoin d’un changement car je n'en peux plus des pizza et des pâtes depuis un mois. Alors ce sera soirée sushi !


19 septembre 2022 Corato

Cette sale douleur au pied persiste et me lance des névralgies jusqu’au genou mais je décide malgré tout de faire une dernière tentative pour rejoindre Corato à pied en me bourrant d’anti-inflammatoires.


Corato c’est la capitale de l’olive pour le sud de l’Italie. J’en traverse des milliers et des milliers d’hectares. Ces pauvres arbres taillés, torturés, tourmentés comme des statues de Giacometti. Et pourtant même s’ils ne tiennent debout que grâce à leurs écorces, vaillamment, ils donnent encore des fruits.






Évidemment il y a tout une culture voire tout un folklore autour de ces olives dont une sculpture surréaliste à l’entrée d’un musée sur ce thème.
De temps en temps de curieuses constructions en pierre au milieu des oliveraies, pour probablement stocker les outils des agriculteurs.


Quand l'effet des anti-inflamatoires diminue, l'inconfort augmente et vers 11h du matin la douleur est telle que je ne peux pratiquement plus marcher . Un ouvrier agricole travaillant dans une oliveraie au bord du chemin, me voyant à la peine me propose de m'emmener à l'hopital ce que je décline, le coeur touché  et ému par tant de gentillesse et de sollicitude. J'atteins mon hébergement du jour presqu'à cloche-pied, mes cannes de marche n'étant d'aucune utilité pour me soulager. 
L'affaire est maintenant entendue, ce n'est même pas un choix, mais c'est impensable d'essayer de continuer jusqu'à Bari : il faut arrêter. Abandonner ce projet en cours de route est douloureux car totalement étranger à mon tempérament, mais voilà, il faut bien que le jour arrive où la sagesse prend le dessus sur l'enthousiasme et la volonté. Finalement j'aurai fait un peu plus de 600 km soit les 2/3 du chemin et je suis quand même ravi de la performance. C’est le deuxième voyage que je suis obligé d’interrompre, le premier en 2014 après un vol plané en moto en Namibie qui m'avait laissé une épaule et ma moto en miettes.

Ce soir-là le réconfort viendra d'une pizza diavola ou pizza diabolique dans laquelle le cuisiner a eu la main très lourde sur les peperoncini, petits piments effectivement diaboliquement forts !

La diavola !

Heureusement , je n'ai pas beaucoup de loisir pour broyer du noir car, à partir de ce moment il faut organiser l’acheminement vers Bari, le vol de retour en France, annuler toutes les réservations prévues pour les trois dernières semaines de ce voyage. Tout ça est un peu compliqué mais finalement le puzzle se met en place et, comble, je me fais pousser dans l'avion sur une chaise roulante d'une façon pas très glorieuse pour finir ce voyage extraordinaire. 


Car ce fut vraiment une aventure incroyable, une de plus dans ce pays que j'aime tant !

J'ai adoré traverser ces montagnes, seul sur ces sentiers qui m'offraient des vues magnifiques, j'ai adoré le dépassement physique pour avaler ces dénivelés diaboliques, j'ai adoré me reposer, me recuellir et me rafraichir dans ces églises où la petite lueur rouge sur l'autel était toujours là pour me réconforter et me guider, j'ai adoré cette brève rencontre avec des religieuses au petit matin à Rome, j'ai adoré dévorer ces grappes de raisins si généreusement offertes au bord du chemin, j'ai adoré les collines, les plaines et les lacs de cratère, j'ai adoré ces vieux oliviers avec leurs troncs si tordus et tourmentés, j'ai adoré l'église Sainte Sophie à Benevento, j'ai adoré les italiens tellement accueillants, gentils et amicaux, et maintenant j'adore l'idée que je vais revenir au printemps prochain pour finir ce voyage.

Le vie verso Il Signore sono spesso difficile ma sempre cosi belle !                            

Quando  arrivero davanti alla Sua porta, Lei me lo aprira e questo sarà l'inizio di un altro grande viaggio !